miércoles, 30 de junio de 2010

Monsieur Martin Grünewald


J’ai eu le privilège de travailler pendant quelques jours aux côtés de Monsieur Martin Grünewald, à l’occasion du tournage d’un film publicitaire pour un fromage allemand de grande consommation.

Les tournages sont de bien curieux rassemblements de professionels qui travaillent d’arrachepied et avec une intensité rare pendant quelques jours dans le but de faire un film qui en l’occurrence était un film publicitaire. Drôle de mélange de concepteurs, metteur en scène, directeur photo, directeur artistique, maquilleuses, habilleurs, coiffeurs, électriciens et une liste interminable d’assistants, spécialistes, et autres collaborateurs aux surprenants métiers.

Grünewald est “food stylist”. De lui dépend l’apparence appétissante d’un mets que l’on voit à l’écran, la transparence d’un vin, la couleur juste d’une tomate, le rouge d’une viande ou la fraîcheur plus que vraie d’un poisson. Les goutelettes d’eau sur une feuille de frisée, la mie de pain sur la table.

Pour y arriver il s’entoure d’une petite équipe qui l’assiste, l’aide, sélectionne au marché les légumes, fruits, huiles, vins ou herbes dont il aura besoin, transforme un hangar en espace de manipulation culinaire, de laboratoire dans lequel Martín va choisir le meilleur échantillon du produit qu’on annonce pour lui octroyer catégorie de vedette, le soigner, sculpter, mettre en valeur et le situer finalement sous les projecteurs pour qu’il y brille de tous ses feux et se donne ainsi à la caméra en roi ou reine de ce rituel.

Les outils de Monsieur Grünewald sont sa propre sensibilité et une panoplie infinie de palettes, burins, pinces, sprays, ciseaux et un large éventail d’objets éclectiques dont il se sert en fonction du produit dont le client lui confie la photogénie et finalement la beauté.

Artiste pointilleux et presque maniaque, professionel de la précision, exigeant, tendu à l’extrême dans les moments pointe et finalement attendrissant tellement il se voue en corps et âme à la construction d’un sandwich qui ouvrira l’appétit des spectateurs, à la création d’un plateau de fromages qui les transportera à l’alpage ou au montage d’une salade qu’il dorlotte amoureusement avant de la soumettre au sacrifice suprême de la caméra.

Travailler dans son équipe, l’assister, le comprendre et l’entourer a été sans doute un exercice enrichissant qui nous a permis de retrouver l’importance des gestes à peine ébauchés, des petites choses, des nuances presque invisibles. De l’effort continu pendant des journées harassantes. De la volonté et de la force.

Un inoubliable retour aux sources et à “la belle ouvrage”. Du travail à l’ancienne dans un contexte de haute technologie, de contrainte et de pression.

Merci Martin.


Pierre Roca

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